A l’origine, les seules preuves de présence humaine sur le territoire de la commune, sont les vestiges d’un temple dédié au dieu Mars, trouvés à Chenebotte, à mi-pente de l’adret ; (les habitations devaient être là). Ils figurent aujourd’hui au registre du musée de Gap depuis 1937.
À la chute de l’empire romain, les invasions dites barbares, celles des visigoths et ostrogoths, provoquent la montée du village. C’est en hauteur que s’est construit le village fortifié, avec château, remparts…, aux confins de la Provence et dans sa zone de protection. Certains patronymes, datant de cette période, ont survécu jusqu’à nos jours : Latil, Brémond, Sias, Eysseric....
À la toute fin du Xème siècle, les invasions sarrasines commencent, avec des razzias à l’intérieur des terres. Bevons, Seigneur de Noyers, rejoint les armées provençales, sous les ordres du comte Guillaume et de son frère Roubaud, pour lutter contre les sarrazins. Il aurait remporté une victoire décisive au lieu-dit « Pierre Impie ». C’est une légende, à rapprocher de toutes celles qui vivent dans la région, dont la plus célèbre est celle des Pénitents des Mées. Après cette période de combats, toujours imprégné par sa foi, Bevons va en pèlerinage à Rome et meurt à Voghera (Italie). Sur sa tombe se seraient produits des miracles qui ont induit sa canonisation.
A la fin du XIXème siècle, l’Eglise locale voulant remettre en valeur la foi, perdue pendant les troubles de la Révolution, s’est emparée de cette légende, et la paroisse de Noyers, dirigée par le curé Caire, s’est rapprochée de celle de Voghera où Saint Bevons est connu comme un chevalier provençal. On a récupéré des reliques, construit un oratoire ─ aujourd’hui en ruines ─ au Col de la Mairie et organisé un pèlerinage. Il aura fallu attendre le millénaire de la mort de Saint Bevons pour que les relations se rétablissent avec Voghera, ville jumelle de Manosque.
L’église du Vieux Noyers a été construite entre le XIIème et XIIIème siècles ; sa taille est des plus importantes dans le département. Cela s’explique par le nombre d’habitants et l’étendue du village. Elle est alors placée sous le vocable de Notre Dame de Bethléem, auquel on a ajouté « Sainte Euphémie ». Outre son architecture romane très intéressante, son clocher abrite une cloche datant de 1549.
Comme le village, l’église a subi les aléas de l’histoire. Et bien que classée Monument Historique en 1913, elle était quasiment en ruines dans les années 1950.
C’est en1969 que s’est créée la première association de sauvegarde de l’église, qui a initié les travaux les plus importants ; à la suite de quoi ce monument a été rendu au culte.
En 1985, les habitants de Voghera ont souhaité fêter le millénaire de la mort de Saint Bevons ; ils reprirent alors contact avec Noyers. C’est alors que des travaux importants ont été relancés, avec une aide substantielle des paroissiens et du Curé de Voghera.
En 1516, un procès de bornage a dégénéré en combat entre Ribiers et Noyers, qui a duré plusieurs décennies. Au XVIIème siècle, le calme revenu, Noyers, sort de ses remparts, occupe son territoire avec des maisons regroupées en hameaux autour de sources. Du fait de l’importance du hameau de Saint Martin, on a bâti la chapelle Saint Claude en remplacement de celle, en ruines, qui était construite aux Gleizes. Terminée en1733, sa cloche est aujourd’hui accrochée au clocher de l’église de Noyers. Le pèlerinage à Saint Claude, protecteur des boiteux, a perduré très longtemps.
En 1872, Saint Martin a connu un très important glissement de terrain, qui a tout emporté : maisons, habitants, champs, animaux... Le terrain est descendu jusqu’au Jabron menaçant même le hameau du Couvent.
La grande métamorphose de la commune a eu lieu au XIXème siècle : c’est la mort du vieux village et la naissance du nouveau.
En 1832, une épidémie de choléra affecte de façon significative la vallée du Jabron. Ce fait sera relaté par Jean Giono dans « le Hussard sur le toit ». Une séquence du film tiré du roman a été tournée à la chapelle Saint Claude.
C’est cette même année que, par ordonnance royale du 28 octobre 1832, la commune de Jarjayes a été rattachée à Noyers.
En 1850, la promulgation de la loi Falloux (15 mars 1850) oblige la commune de Noyers, compte tenu de sa population, à ouvrir des « maisons d’école ».
En 1851, on réaménage et modernise la route dite « de Sisteron à Sault » (départementale n°5). Tous ces éléments amènent le conseil municipal, en 1853, à décider la construction d’une « agglomération » en bordure de cette route. Ainsi devait être créée une zone de vie entre Jarjayes et le Vieux Noyers. Le projet porte sur l’édification d’une église, d’un presbytère et d’une « maison d’école » pour les garçons. En 1861, ces projets sont réalisés, après de nombreuses péripéties.
L’église, inaugurée le 26 août 1860, est placée sous le vocable de « l’Immaculée Conception » dont le dogme a été défini en 1852, suite à la volonté de l’Eglise de relancer le culte marial. Son architecture est caractéristique de la fin du XIXème siècle, et de type alpin, avec un intéressant mobilier en noyer. Son clocher est surmonté d’un cristal de roche, don de la célèbre famille Nucetoise Eysseric. Ce nouveau quartier nommé « le quartier de l’église neuve » gardera ce nom dans la mémoire collective des Jabronnais qui, pendant longtemps, venaient à la messe à la « gleïse nuovu ». Le décret du 28 avril 1860 fait de ce nouveau quartier le chef-lieu de la commune, faisant du l’ancien village une succursale. Dès le milieu de l’année 1863, c’est la partie la plus peuplée de la commune, et les conseils municipaux s’y tiendront.
En 1865, pour répondre à des obligations légales relatives à l’école des filles, la commune participe aux frais d’une école libre tenue par des religieuses dans la maison d’un particulier. En 1870, la mairie prend la décision de construire et équiper une école dans le prolongement et à l’est de l’église. Celle de Saint Martin (1880) et celle du Couvent (1893) n’ont été construites qu’avec la promulgation de la loi instaurant l’enseignement obligatoire, la loi de Jules Ferry. La première sera définitivement fermée en 1961, la deuxième en 1960.
Tous ces phénomènes conjugués ont entraîné la désertification de la partie haute de la commune. Et, pour se soustraire à l’imposition des toitures et fenêtres, les habitants les ont supprimées dans les maisons qu’ils n’habitaient plus, provoquant le délabrement, puis la ruine du village.
C’est en 1938 que le dernier habitant quitte le vieux village. Un sursaut de peuplement surviendra dans les années 70 avec une communauté de hippies (présence notoire de Jacques Higelin et Valérie Lagrange). Cela n’a duré que quelques années.
En 1885 fut projetée l’installation d’une fontaine monumentale, projet rapidement abandonné faute de moyens financiers. Il faudra attendre 1909 pour que la commune se dote d’une fontaine et d’un lavoir. La captation des sources du Prieuré et de Vichy, et le bail emphytéotique signé dans les années 40 avec les propriétaires de Perivoye ont permis l’alimentation en eau du village.
La Mairie sera construite vers 1914 et le monument aux morts 1920.
Grâce à l’initiative du propriétaire du moulin du château, une partie du village est alimentée en électricité ; et en 1935, tout le village sera relié au réseau national.